Cette injonction le rassérène quelque peu. Il faut qu’il retrouve au plus vite un minimum de calme et de maîtrise de soi et qu’il parvienne, surtout, à les consolider. Il va avoir besoin de s’arrimer à la réalité pour éviter que la situation ne lui échappe davantage et ne dégénère. Il bénit le ciel d’avoir placé sur sa route une jeune guide dont l’originalité et le charisme ont captivé l’auditoire jusqu’à lui faire oublier qu’il pouvait se passer des choses gravissimes ailleurs, presque sous leur nez. L’Autre l’a traitée quelques instants plus tôt de petite pute, mais au fond de lui, Lucas sait qu’il a eu tort. Esther est une fille bien.

« Merci Yoda, ricane-t-il, à part soi. ».

Finalement, tout à fait convaincu d’avoir été le seul à remarquer le corps partiellement dénudé de la fille aux tennis blanches, il laisse échapper un soupir de soulagement. Le répit, pourtant, est de courte durée car une autre question vient aussitôt s’empiler sur les autres. S’agit-il d’un corps entier ou seulement d’une partie ? Il frémit à cette éventualité. L’amoncellement déjà instable des questionnements vacille. Une bouffée de chaleur l’envahit, presque insoutenable. Qui donc a transporté le corps jusqu’à cet endroit ? Et dans quel but ? A-t-il été suivi dans sa folle virée nocturne ? Si c’est le cas, est-ce un effet du hasard ou bien cela participe-t-il d’un acte prémédité ?