Sur l’horizon de Pta, le ciel de velours turquoise s’est irisé de couleurs spectrales.

Plus haut, des nuages transparents s’effilochent en prenant des teintes ambrées.

Éliane s’est absorbée dans la contemplation presque amoureuse de Shadrir, laquelle, voilée d’un crêpe nébuleux, semble s’immerger avec lenteur dans les flots en éclipsant par sa beauté sa malheureuse compagne Beebra.

Au large, les barques ventrues, lourdement chargées, rentrent au moteur des pêcheries de l’Archipel Segho invisible depuis la grève même aux plus forts des jusants.

Leurs mâts dégarnis surmontés de lumignons hérissent l’horizon courbe de Radrame, le faisant ressembler à une pelote d’épingles.

De temps à autre, un astronef traverse le ciel dans un froissement léger puis s’incline avec grâce pour aller se poser à Cap-Martin.

À l’empyrée de la sphère céleste, l’arc de lumière, formé des milliers de fragments résultant de la segmentation délibérée de leur vaisseau par les Exos eux-mêmes, a commencé à scintiller.

Eliane est entrée en conflit avec Alberoni, son frère, dont le despotisme et le laxisme ont figé la société radramienne et favorisé le retour insidieux des anciens dogmes et croyances. La jeune femme ne supporte pas que l’évolution de la société s’en trouve freinée ni que le message de Tana, leur mère disparue, ne soit trahi.

Avec l’aide de quelques intellectuels, de scientifiques et de fidèles de toujours, elle décide de réagir.