Sur un millier de kilomètres, depuis l’Ardèche jusqu’à l’Atlantique, la Loire a tissé des paysages sur lesquels les hommes ont non seulement écrit l’Histoire des grands châteaux, si connue que l’on n’ose plus la raconter, mais celle, plus discrète, de civilisations dont certaines restent d’actualité quand d’autres n’ont plus d’autre ancrage que celui de la mémoire. Et encore, lorsqu’elle ne s’évanouit pas dans les méandres de la paresse d’un temps qui fuit trop souvent sur la vanité de l’instantanéité des réseaux sociaux ! Car la Loire, ses affluents, ses sous-affluents, les marais, les étangs et l’océan, en bout de course, demandent que l’on prenne le pas… pas pressé du promeneur qui offre son regard au temps qu’il faut prendre pour mieux connaître cet environnement.
Jusqu’au pont de Saint-Nazaire, le simple filet d’eau, qui s’est arraché des collines ardéchoises avant de devenir le plus grand fleuve de France, a écrit sur la pierre des coteaux et la terre des vallées pour donner aux régions traversées la dimension des plus beaux espaces que l’on puisse trouver sur la planète, n’ayons pas peur des mots. Et si les châteaux et les abbayes en sont des bijoux dont nul ne peut contester la gloire, en oubliant parfois que le fleuve a noyé ou enchaîné plusieurs milliers d’hommes durant les Guerres de Vendée et la bien triste période de la traite négrière, l’eau et le vin en sont les axes centraux sans qu’on le sache toujours. Car l’eau et le vin, contrairement à ce que l’on croit souvent, marchent main dans la main. Pas d’eau, pas de vin. Pas d’eau, pas de vignes : pas de paysages remarquables…
C’est ce périple que propose ce livre pour s’imprégner au mieux de cette âme ligérienne si particulière. Une âme baignée de l’eau vive du bonheur.