Assassinat de Paul Louis Courier
Paul Louis Courier fut assassiné le 10 avril 1825 dans sa forêt de Larçay.
Le raisonnement des « enquêteurs » oscillant entre complot domestique et crime individuel échouera à deux reprises. Une première fois en 1825, sur l’acquittement par la Cour d’assises de Tours de l’unique accusé, Louis Frémont, le garde de la forêt et en même temps jardinier de la Chavonnière, propriété de Courier. Puis, une seconde fois en 1830, suite à là révélation de Sylvine Grivault, sur deux décisions, l’une de la Cour royale d’Orléans rejetant le complot domestique dont l’épouse de Courier et Pierre Dubois, mis en cause déjà en 1825, auraient été les instigateurs et l’autre de la Cour d’assises de Tours acquittant les accusés de complicité, où l’on retrouve Dubois mais aussi deux comparses M. Boutet et F. Arrault.
Les absences à répétition du juge d’instruction en 1825 et la faiblesse des investigations tant en 1825 qu’en 1830, comme la rencontre programmée de Frémont avec son maître, ou l’absence d’un plan des lieux pour établir l’alibi des Dubois ou la résolution de l’énigme de la lettre envoyée le 9 avril par Herminie Courier à P. Dubois de Paris ou encore la vérification des dires de S. Grivault et de Frémont sont insuffisantes pour fonder cette impuissance judiciaire. L’irritation plausible des juges à l’encontre d’un Courier qui les éreinta dans ses pamphlets et la soumission des magistrats au pouvoir royal rendent la suspicion légitime sur les décisions rendues. Mais la délibération du jury en 1830 raturée la rend pertinente.
Finalement ces jugements doivent être rapportés au contexte politique de l’époque - la volonté des royalistes de revenir sur les acquis de la révolution – et rapprochés de la personnalité de la victime comme de celle de son épouse. En 1825, on élimine le pamphlétaire, en 1830, on visait la disqualification sociale de l’épouse en raison de ses turpitudes supposées avec ses anciens domestiques dont l’un d’eux – Pierre Dubois – étaient inculpés avec elle d’avoir ourdi un complot en vue de l’élimination de Courier. Le crime politique était-il possible ?
Curieusement cette hypothèse sera ignorée par la justice et la majorité des auteurs dont Sainte Beuve. Ils préfèrent accepter pour vrai malgré leurs variations et leurs différences, les déclarations de Sylvine Grivault, témoin réanimant l’affaire à la fin de 1829, et de Louis Frémont, l’acquitté de 1825 se reconnaissant coupable un lustre plus tard. Le crime de qui ?
P.L. Courier les avait désignés. Il y avait un tiers à considérer : le puissant « parti prêtre ». Cette nébuleuse ultraroyaliste et ultramontaine et ses relais locaux n’excluent pas d’une part, la manipulation du témoin tardif en raison des incohérences de son témoignage et de sa « confession » auprès d’un prêtre membre de la Congrégation et d’autre part, l’instrumentalisation, toujours affirmée par les juges, de « l’acquitté-coupable » et confirmée par ses citations d’un ouvrage trop savant pour ce fruste individu.
Affaire politique, l’assassinat de Paul Louis Courier le fut certainement. D’autant que ce crime n’entraîna pas une vive réaction des « amis » libéraux de Courier qui partagèrent peu ou prou l’analyse d’Alfred Nettement journaliste, critique catholique et royaliste légitimiste comme en atteste un écrit de Guizot relatif au chansonnier Béranger qui comme Courier « attaquait pêle-mêle tout ce qui déplaisait au peuple, ne s’inquiétant point de la portée de ses coups, prenant le succès de ses chansons pour une victoire de la France, aimant bien mieux la Révolution ou l’Empire que la liberté, et oubliant, avec une légèreté vulgaire, que la foi et le respect ne sont nulle part plus indispensables qu’au sein des sociétés démocratiques et libres ».
Le raisonnement des « enquêteurs » oscillant entre complot domestique et crime individuel échouera à deux reprises. Une première fois en 1825, sur l’acquittement par la Cour d’assises de Tours de l’unique accusé, Louis Frémont, le garde de la forêt et en même temps jardinier de la Chavonnière, propriété de Courier. Puis, une seconde fois en 1830, suite à là révélation de Sylvine Grivault, sur deux décisions, l’une de la Cour royale d’Orléans rejetant le complot domestique dont l’épouse de Courier et Pierre Dubois, mis en cause déjà en 1825, auraient été les instigateurs et l’autre de la Cour d’assises de Tours acquittant les accusés de complicité, où l’on retrouve Dubois mais aussi deux comparses M. Boutet et F. Arrault.
Les absences à répétition du juge d’instruction en 1825 et la faiblesse des investigations tant en 1825 qu’en 1830, comme la rencontre programmée de Frémont avec son maître, ou l’absence d’un plan des lieux pour établir l’alibi des Dubois ou la résolution de l’énigme de la lettre envoyée le 9 avril par Herminie Courier à P. Dubois de Paris ou encore la vérification des dires de S. Grivault et de Frémont sont insuffisantes pour fonder cette impuissance judiciaire. L’irritation plausible des juges à l’encontre d’un Courier qui les éreinta dans ses pamphlets et la soumission des magistrats au pouvoir royal rendent la suspicion légitime sur les décisions rendues. Mais la délibération du jury en 1830 raturée la rend pertinente.
Finalement ces jugements doivent être rapportés au contexte politique de l’époque - la volonté des royalistes de revenir sur les acquis de la révolution – et rapprochés de la personnalité de la victime comme de celle de son épouse. En 1825, on élimine le pamphlétaire, en 1830, on visait la disqualification sociale de l’épouse en raison de ses turpitudes supposées avec ses anciens domestiques dont l’un d’eux – Pierre Dubois – étaient inculpés avec elle d’avoir ourdi un complot en vue de l’élimination de Courier. Le crime politique était-il possible ?
Curieusement cette hypothèse sera ignorée par la justice et la majorité des auteurs dont Sainte Beuve. Ils préfèrent accepter pour vrai malgré leurs variations et leurs différences, les déclarations de Sylvine Grivault, témoin réanimant l’affaire à la fin de 1829, et de Louis Frémont, l’acquitté de 1825 se reconnaissant coupable un lustre plus tard. Le crime de qui ?
P.L. Courier les avait désignés. Il y avait un tiers à considérer : le puissant « parti prêtre ». Cette nébuleuse ultraroyaliste et ultramontaine et ses relais locaux n’excluent pas d’une part, la manipulation du témoin tardif en raison des incohérences de son témoignage et de sa « confession » auprès d’un prêtre membre de la Congrégation et d’autre part, l’instrumentalisation, toujours affirmée par les juges, de « l’acquitté-coupable » et confirmée par ses citations d’un ouvrage trop savant pour ce fruste individu.
Affaire politique, l’assassinat de Paul Louis Courier le fut certainement. D’autant que ce crime n’entraîna pas une vive réaction des « amis » libéraux de Courier qui partagèrent peu ou prou l’analyse d’Alfred Nettement journaliste, critique catholique et royaliste légitimiste comme en atteste un écrit de Guizot relatif au chansonnier Béranger qui comme Courier « attaquait pêle-mêle tout ce qui déplaisait au peuple, ne s’inquiétant point de la portée de ses coups, prenant le succès de ses chansons pour une victoire de la France, aimant bien mieux la Révolution ou l’Empire que la liberté, et oubliant, avec une légèreté vulgaire, que la foi et le respect ne sont nulle part plus indispensables qu’au sein des sociétés démocratiques et libres ».
Joël Thalineau